vendredi 12 décembre 2008

Un Officier de Cavalerie



Souvenirs du Général L'HOTTE
Emile Hazan Editeur, 1958

"Parmi les critiques faites par Rousselet, plusieurs sont certainement fondées, particulièrement celles concernant les exagérations, qui étaient alors surtout imputables aux nouveaux adeptes de la méthode Baucher. Ainsi en était‑il des rigueurs apportées dans les flexions de mâchoire et d'encolure, dans les attaques.
Mais, d'une manière générale, ces critiques ne se relient pas assez entre elles pour former un ensemble, d'où l'on pourrait faire ressortir un corps de doctrine, permettant de mettre l'équitation Rousselet en présence de l'équitation Baucher.
Il en est tout autrement des polémiques qui ont surgi entre d'Aure et Baucher. Là se voient, mises en présence, deux doctrines bien distinctes, fortement exposées, et, selon que l'on envisage l'équitation de campagne ou l'équitation savante, il y a lieu de donner la préférence à l'une ou à l'autre.
Je me suis étendu trop longuement sur les équitations Baucher, d'Aure et Rousselet, pour que les différences qui les distinguent ne ressortent pas avec évidence de ce que j'en ai dit. Je n'ai donc pas à revenir sur ce que chacune d'elles présente de caractéristique, et je termine le rapprochement que l'on peut faire entre les trois célèbres écuyers, en disant :
Rousselet se présente surtout comme continuateur des traditions du passé, tandis que d'Aure, et Baucher plus encore, apparaissent comme chefs d'école.
Rousselet joignait à une grande habileté de praticien et à une expérience éclairée, un genre de talent d'exécution bien personnel, tout en se rattachant intimement à celui des anciens écuyers, et qui lui a attiré, à juste titre, l'admiration de ses contemporains.
Mais, en équitation, pour devenir chef d'école, les aptitudes spéciales, l'expérience, le talent d'exécution ne suffisent pas. Il faut, en outre, un génie créateur, une haute portée d'esprit et un ensemble de qualités pouvant, il est vrai, différer suivant la nature propre à chaque maître, mais qui doivent, dans tous les cas, être éminentes dans l'ordre qui leur est particulier.
Baucher et d'Aure, de natures si différentes, comme on a pu en juger par ce que j'ai dit de ces deux illustres maîtres, remplissaient, tous deux, et à un degré supérieur, les conditions qui les destinaient à devenir chacun chef d'une école.
À mon étude sur d'Aure j'ai joint des détails concernant le manège du Roi et celui de Saumur.
Dans mon étude sur Rousselet, apparaissent, pour les citer dans leur ordre chronologique, les manèges de l'École des chevau‑légers de la Garde, de l'École militaire de Paris, de Versailles, de Saint‑Germain, de Saumur.
J'ai ainsi mis en scène les grands centres équestres que les dix‑huitième et dix‑neuvième siècles présentent, ainsi que les écuyers qui y ont le plus brillé ; et les développements dans lesquels je suis entré sur mes deux maîtres ont mis en lumière les deux hommes qui, au cours du siècle qui s'achève, ont occupé la plus grande place dans l'histoire de l'équitation. "

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