samedi 13 décembre 2008

Mémoires



Gal Baron De MARBOT
Plon

"En voyant approcher le fils de son ancien ami, et j’ose le dire, son aide de camp de prédilection, la figure du bon maréchal fut émue, ses yeux se remplirent de larmes, car il ne pouvait se dissimuler qu’il m’envoyait à une mort presque certaine; mais il fallait obéir à l’Empereur; j’étais soldat, on ne pouvait faire marcher un de mes camarades à ma place, et je ne l’eusse pas souffert: c’eût été me déshonorer. Je m’élançai donc ! Mais, tout en faisant le sacrifice de ma vie, je crus devoir prendre les précautions nécessaires pour la sauver. J’avais remarqué que les deux officiers partis avant moi avaient mis le sabre à la main, ce qui me portait à croire qu’ils avaient !e projet de se défendre contre les Cosaques qui les attaqueraient pendant le trajet, défense irréfléchie selon moi, puisqu’elle les avait forcés à s’arrêter pour combattre une multitude d’ennemis qui avaient fini par les accabler. Je m’y pris donc autrement, et laissant mon sabre au fourreau, je me considérai comme un cavalier qui, voulant gagner un prix de course, se dirige le plus rapidement possible et par la ligne la plus courte vers le but indiqué, sans se préoccuper de ce qu’il y a, ni à droite ni à gauche, sur son chemin. Or, mon but étant le monticule occupé par le 14’ de ligne, je résolus de m’y rendre sans faire attention aux Cosaques, que j’annulai par la pensée.
Ce système me réussit parfaitement ; Lisette, plus légère qu’une hirondelle, et volant plus qu’elle ne courait, dévorait l’espace, franchissant les monceaux de cadavres d’hommes et de chevaux, les fossés, les affûts brisés, ainsi que les feux mal éteints des bivouacs. Des milliers de Cosaques éparpillés couvraient la plaine. Les premiers qui m’aperçurent comme des chasseurs dans une traque, lorsque, voyant un lièvre, ils s’annoncent mutuellement sa présence par les cris: «A vous ! à vous !» Mais aucun de ces Cosaques n’essaya de m’arrêter, d’abord à cause de l’extrême rapidité de ma course, et probablement aussi parce qu’étant en très grand nombre, chacun d’eux pensait que je ne pourrais éviter ses camarades placés plus loin. Si bien que j’échappai à tous et parvins au 14ème de ligne, sans que moi ni mon excellente jument eussions reçu la moindre égratignure !
Je trouvai le 14’ formé en carré sur le haut du monticule; mais comme les pentes de terrain étaient fort douces, la cavalerie ennemie avait pu exécuter plusieurs charges contre le régiment français qui, les ayant vigoureusement repoussées, était entouré par un cercle de cadavres de chevaux et de dragons russes, formant une espèce de rempart qui rendait, désormais, la position presque inaccessible à la cavalerie, car, malgré l’aide de nos fantassins, j’eus beaucoup de peine à passer par-dessus ce sanglant et affreux retranchement. J’étais enfin dans le carré ! - Depuis la mort du colonel Savary, tué au passage de l’Ukra, le 14ème était commandé par un chef de bataillon. Lorsque, au milieu d’une grêle de boulets, je transmis à ce militaire l’ordre de quitter sa position pour tâcher de rejoindre le corps d’armée, il me fit observer que l’artillerie ennemie, tirant depuis une heure sur le 14ème, lui avait fait éprouver de telles pertes que la poignée de soldats qui lui restait serait infailliblement exterminée si elle descendait en plaine; qu’il n’aurait d’ailleurs pas le temps de préparer l’exécution de ce mouvement puisqu’une colonne d’infanterie russe, marchant sur lui, n’était plus qu’à cent pas de nous.
«Je ne vois aucun moyen de sauver le régiment, dit le chef de bataillon; retournez vers l’Empereur, faites-lui les adieux du 14’ de ligne qui a fidèlement exécuté ses ordres, et portez-lui l’aigle qu’il nous avait donnée et que nous ne pouvions plus défendre; il serait trop pénible, en mourant, de la voir tomber aux mains des ennemis !
Le commandant me remit alors son aigle, que les soldats, glorieux débris de cet intrépide régiment, saluèrent pour la dernière fois des cris de: Vive l’Empereur !... eux qui allaient mourir pour lui ! C’était le Cœsar, morituri te saluant! de Tacite; mais ce cri était poussé par des héros !
Les aigles d’infanterie étaient fort lourdes, et leur poids se trouvait augmenté d’une grande et forte hampe en bois de chêne, au sommet de laquelle on la fixait. La longueur de cette hampe m’embarrassait beaucoup, et comme ce bâton, dépourvu de son aigle, ne pouvait constituer un trophée pour les ennemis, je résolus, avec l’assentiment du commandant, de la briser pour n’emporter que l’aigle; mais au moment où, du haut de ma selle, je penchais le corps en avant pour avoir plus de force pour arriver à séparer l’aigle de la hampe, un des nombreux boulets que nous lançaient les Russes traversa la corne de derrière de mon chapeau, à quelques lignes de ma tête!... La commotion fut d’autant plus terrible que mon chapeau, étant retenu par une forte courroie de cuir fixée sous le menton, offrait plus de résistance au coup. Je fus comme anéanti, mais ne tombai pas de cheval. Le sang me coulait par le nez, les oreilles et même par les yeux; néanmoins j’entendais encore, je voyais. Je comprenais et conservais toutes mes facultés intellectuelles, bien que mes membres fussent paralysés au point qu’il m’était impossible de remuer un seul doigt !...”

Dressage


Cdt LICART

Delmas et Cie, 1976

vendredi 12 décembre 2008

Serko


Jean-Louis GOURAUD
1997

En Avant, Calme et Droit



François NOURISSIER
Grasset, 1987


Hector Vachaud, dit Vachaud d'Arcole, n'est pas un grand cavalier, un "dieu" de Saumur ni une vedette des concours hippiques. Il est seulement un "homme de cheval". Sa passion le fait vivre, des années trente à nos jours, dans une société singulière et archaïque. A travers elle, il découvre la comédie sociale, l'amitié, le bonheur d'enseigner et même, sur le tard, l'amour. Un étrange amour. A travers le prisme de la morale cavalière il voit les passions politiques, les courages et les lâchetés, enfin la métamorphose immense de la France.Ecuyers, cavaliers, ascèse et luxe, parfums du passé, amazones gourmandes de chair fraîche, anciens combattants abusifs, abbés musclés, manitous de Vichy, juifs traqués, gagne-petit du marché noir, jeunes filles en fleur : une peinture moqueuse et féroce d'un demi-siècle de vie française sert de décor à la vie d'Hector Vachaud. Les "belles âmes" n'y sont pas toujours limpides ! Heureusement, les chevaux aux yeux fous, les aubes en forêt, le silence religieux des manèges servent d'antidote aux poisons et aux impostures de la nostalgie.

Equitation


Pierre CHAMBRY
Amphora, 1974

Equitation


Wilhelm MUSELER
Berger Levrault, 1967

Souvenirs Cavaliers


Capitaine de SAINT-PHALLE
JMP, 1996

Equitation


Capitaine de SAINT-PHALLE
JMP, 1996

Baucher et son Ecole


Général DECARPENTRY
JMP, 2001

A La Française


LA GUERINIERE
Pages choisies par G. de LAGARENNE
JMP, 1996

Manuel d'Hippologie


FFSE
Lavauzelle, 1975

Manuel d'Equitation


FFSE
Lavauzelle, 1966

La Sagesse de l'Ecuyer



Michel HENRIQUET
L'oeil neuf, 2006

Jour après jour il fallait absorber les chocs et la percussion qui ébranlaient notre assise, se transmettaient à nos membres, parasitant nos indications de direction. Cette ascèse s'imposait pendant des dizaines d'années. Jusqu'à ce qu'on puisse faire ce constat : 'le cheval et moi ne bougeons plus séparément mais ensemble'. Pris l'un par rapport à l'autre, nous sommes immobiles. C'est le début de la centaurisation. Nous sommes avec nos chevaux. Nous pouvons alors nous lancer à la recherche des moyens assurant bien-être et sécurité sans l'emploi de force ni de matériels coercitifs. De cette position fonctionnelle, attitude travaillée et acquise, va dépendre le développement du cavalier et du dressage qu'il élabore. Elle détermine l'équilibre de la masse dont elle déplace le centre de gravité en fonction des airs et des allures recherchés. A ce stade, on atteint le niveau de l'art et le véritable bonheur équestre. L'usage des mains et des jambes n'a plus qu'une valeur subsidiaire.

Manuel d'Equitation et de Dressage


Ministère de la Guerre
Lavauzelle, 1921

Cavalier Seul

Jérôme GARCIN
Folio, 2007

Vallerine

Etienne BEUDANT
Favre, 2006

La Chute de Cheval


Jérôme GARCIN
Gallimard, 1998

L'Instruction Du Cavalier


Lt Colonel Rémy REPELLIN
Crepin Leblond et Cie, 1959

Avant-Postes de Cavalerie Légère

Général DE BRACK
Kerdraon, 1987

Equitation Raisonnée


Cdt LICART
Delmas, 1951

Milady



Paul MORAND
Gallimard, 2006

L’histoire d’un vieil écuyer du Cadre noir de Saumur, le commandant Gardefort, qui consacre tout son temps à sa jument Milady, et finit par l’entraîner consentante dans la mort. Ce texte, décomposé en treize courts chapitres, décrit l’accord parfait entre l’homme et le cheval : la lutte qui commençait dans l’espièglerie, dans la ruse et se continuait dans la rage, pour se terminer dans une sorte de pâmoison soumise, de détente complète où l’un et l’autre trouvaient leur plaisir . Gardefort fait de sa jument, un autre soi-même, l’aspect visible de son savoir et de sa recherche esthétique ; c’est la raison pour laquelle il ne peut supporter qu’un autre puisse en profiter et aussi lui faire exécuter des mouvements qu’il estime sans valeur et dégradant pour elle. Par un exploit extraordinaire, il reprend ses droits sur sa jument et par sa mort, et la sienne, l’enlève à l’emprise de l’ignorance, selon l’analyse de Patrice Franchet d’Espérey.

Les Cavaliers



Joseph KESSEL
Gallimard, 1967

"Pour l'étalon, son allure tenait moins de la course que du vol. Suspendu, étendu dans l'air, il ne touchait le sol que pour s'en détacher d'un seul battement. Et Ouroz, le visage contre la crinière flottante, le corps léger, délié, comme fluide, n'avait point d'autre voeu que de flotter ainsi qu'il le faisait au-dessus de la steppe et si près d'elle que cette terre, cette herbe et sa propre essence lui semblait confondues. "

Un Officier de Cavalerie



Souvenirs du Général L'HOTTE
Emile Hazan Editeur, 1958

"Parmi les critiques faites par Rousselet, plusieurs sont certainement fondées, particulièrement celles concernant les exagérations, qui étaient alors surtout imputables aux nouveaux adeptes de la méthode Baucher. Ainsi en était‑il des rigueurs apportées dans les flexions de mâchoire et d'encolure, dans les attaques.
Mais, d'une manière générale, ces critiques ne se relient pas assez entre elles pour former un ensemble, d'où l'on pourrait faire ressortir un corps de doctrine, permettant de mettre l'équitation Rousselet en présence de l'équitation Baucher.
Il en est tout autrement des polémiques qui ont surgi entre d'Aure et Baucher. Là se voient, mises en présence, deux doctrines bien distinctes, fortement exposées, et, selon que l'on envisage l'équitation de campagne ou l'équitation savante, il y a lieu de donner la préférence à l'une ou à l'autre.
Je me suis étendu trop longuement sur les équitations Baucher, d'Aure et Rousselet, pour que les différences qui les distinguent ne ressortent pas avec évidence de ce que j'en ai dit. Je n'ai donc pas à revenir sur ce que chacune d'elles présente de caractéristique, et je termine le rapprochement que l'on peut faire entre les trois célèbres écuyers, en disant :
Rousselet se présente surtout comme continuateur des traditions du passé, tandis que d'Aure, et Baucher plus encore, apparaissent comme chefs d'école.
Rousselet joignait à une grande habileté de praticien et à une expérience éclairée, un genre de talent d'exécution bien personnel, tout en se rattachant intimement à celui des anciens écuyers, et qui lui a attiré, à juste titre, l'admiration de ses contemporains.
Mais, en équitation, pour devenir chef d'école, les aptitudes spéciales, l'expérience, le talent d'exécution ne suffisent pas. Il faut, en outre, un génie créateur, une haute portée d'esprit et un ensemble de qualités pouvant, il est vrai, différer suivant la nature propre à chaque maître, mais qui doivent, dans tous les cas, être éminentes dans l'ordre qui leur est particulier.
Baucher et d'Aure, de natures si différentes, comme on a pu en juger par ce que j'ai dit de ces deux illustres maîtres, remplissaient, tous deux, et à un degré supérieur, les conditions qui les destinaient à devenir chacun chef d'une école.
À mon étude sur d'Aure j'ai joint des détails concernant le manège du Roi et celui de Saumur.
Dans mon étude sur Rousselet, apparaissent, pour les citer dans leur ordre chronologique, les manèges de l'École des chevau‑légers de la Garde, de l'École militaire de Paris, de Versailles, de Saint‑Germain, de Saumur.
J'ai ainsi mis en scène les grands centres équestres que les dix‑huitième et dix‑neuvième siècles présentent, ainsi que les écuyers qui y ont le plus brillé ; et les développements dans lesquels je suis entré sur mes deux maîtres ont mis en lumière les deux hommes qui, au cours du siècle qui s'achève, ont occupé la plus grande place dans l'histoire de l'équitation. "

Honneur au Général Alexis L'HOTTE


"Calme,
en avant,
droit."